Petits Rappels sur la Forêt
Le sentier :
Aux portes de Grenoble, à Champ sur Drac, l’Association de Défense Inter-Communale de l’Environnement (ADICE) vous propose un grand bol d’air en famille sur le sentier forestier de Saint Michel du Connexe.
Sur ce parcours facile d’une petite heure de marche et 200 m de dénivelé jusqu’aux ruines du prieuré point d'arbres exotiques, mais nos essences locales à redécouvrir, des paysages à admirer, et une réflexion à partager sur les modifications entropiques, leurs conséquences sur les fragiles équilibres des milieux que nous parcourons et le rôle de la forêt, puits de carbone.
L’accent sera porté sur certains arbres signalés par des panneaux thématiques, les QR codes dont ils sont équipés vous permettront d’accéder à des informations supplémentaires.
La forêt en France métropolitaine :
Actuellement la forêt couvre 31 % du territoire contre 13 % à son minimum vers 1750.
Seul 1/3 sont des noyaux forestiers anciens (plus de 150 ans sans labour).
Les 3/4 de la forêt métropolitaine française est privée, le quart restant se répartit entre des forêts communales et des forêts domaniales.
Elle est majoritairement constituée de peuplements monospécifiques ; seulement 4 % des forêts ont plus de 4 essences.
Les feuillus représentent 67 %, les conifères 21 % et les peuplements mixtes 12 %.
Chez les feuillus, les essences les plus fréquentes sont les chênes rouvre et pédonculé, le hêtre, puis le châtaignier, le charme, le chêne pubescent et le frêne.
Chez les conifères le sapin pectiné, l’épicea, le pin sylvestre et maritime puis le douglas.
Les recherches récentes ont mis en évidence l’énorme diversité biologique des écosystèmes forestiers et la multitude des interactions qui la régissent : la forêt est un ensemble d’êtres vivants en échange ou symbiose permanente.
Une estimation de la biomasse vivant au sol comporterait :
- des bactéries : entre 2 et 200 g/m²
- des protozoaires : entre 30 et 40 g/m²
- des champignons : entre 100 et 150 g/m²
- des algues : entre 5 et 20 g/m²
- des animaux : entre 50 et 500 g/m2
L’équilibre de ces échanges est le résultat d’adaptations réciproques qui se sont faites au fil du temps.
Des modifications trop rapides des milieux peuvent entraîner des perturbations graves et durables : certains déboisements romains sont encore perceptibles !
Ces deux derniers siècles, les échanges intercontinentaux ont propagé des parasites sans laisser le temps d’adaptation des espèces locales à leurs nouveaux hôtes, entraînant des dégâts considérables sur de nombreuses espèces : mineuse du marronnier, encre du châtaignier, graphiose de l’orme…
Pour le siècle qui vient, la capacité de migration des espèces, dans notre cas les arbres et leur cortège symbiotique, sera-t-il assez rapide pour suivre le réchauffement climatique ?
Des simulations récentes montrent par exemple que les aires des espèces les plus exigeantes en humidité (épicéa, hêtre..) vont se réduire considérablement ! (réf. 1, 3)
Les besoins de la forêt pour sa croissance :
Pour croître et se développer la forêt à besoin de nutriments. On peut citer le carbone, présent dans l’oxyde de carbone, l’oxygène et l’hydrogène amené par l’eau , les autres éléments minéraux se trouvent dans le sol : sodium, calcium, magnésium, silicium, fer, soufre, manganèse. Ces éléments sont plus ou moins présents à proximité immédiate des racines. C’est par de multiples et complexes réactions chimiques qu’ils sont rendus assimilables par les arbres.
L’azote est aussi nécessaire au développement des plantes. En agriculture, sans apport d’engrais minéraux, environ 60 % de cet azote provient de l’atmosphère via des microorganismes, 10 % de l’air via les orages et 30 % du cycle de l’humus (réf. 5).
en forêt, très peu de plantes sont fixatrices de l’azote, on peut citer l’aulne, quelques légumineuses herbacées, le robinier, les genêts...mais le faible rendement des bactéries fixatrices d’azote aérobie limite fortement cet azote d’origine atmosphérique.
L’azote indispensable à la croissance des arbres va principalement provenir de recyclage interne de l’azote organique contenu dans l ‘humus et le couvert forestier du sol (réf. 5).
La forêt communale de Champ :
La montagne du Connexe (ou Connex ou encore Connest) est le chaînon occidental de la Matheysine qui domine le cours aval de la vallée du Drac.
La forêt communale de Champ se situe sur les flancs nord et nord-ouest de la montagne du Connexe. Le sommet le plus proche est le Fau Cuchet (1360 m).
L’altitude varie entre 220 et 1280m et les précipitations s’étalent entre 1000 et 1300 mm par an.
De part la proximité du socle rocheux la production forestière est faible mais l’ensemble, excepté quelques éperons rocheux, est boisé. Principalement des feuillus : tilleuls (32%), hêtres (25%), châtaigniers (7%) puis par ordre décroissant érables, frênes, bouleaux, chênes, trembles et merisiers.
Les résineux comprennent des épicéas (13%), des pins sylvestres (5 %) et quelques sapins.
Depuis de nombreuses décennies cette forêt est gérée par l’ONF. ( réf.2)
La forêt puits de carbone :
Le CO2 contribue au réchauffement de l’atmosphère par effet de serre.
Les forêts en absorbant ce gaz et en le stockant peuvent en limiter les effets.
En 2004, les émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre atteignaient 49 Gt de CO2 (Gt = 1000 millions de tonnes) . Les océans en stockaient 8 Gt et les écosystèmes forestiers 9.6 Gt .
Annuellement nos écosystèmes forestiers captent par la photosynthèse 1/3 des émissions de CO2 françaises soit 32 millions de tonnes de carbone par an. Toutefois par nos activités sylvicoles nous en prélevons 63 %.
Les effets de l’activité sylvicole dans le relargage du CO2 sont très dépendants de l’usage des matériaux générés.
L’un des plus mauvais exemple est le bois de chauffage qui va émettre (entre autre) du CO2 lors de sa combustion, c’est à dire entre 2 ou 3 ans après sa coupe. La pratique du chauffage grâce aux pellets est encore pire car leur séchage industriel, pour être accéléré, consomme de l’énergie !
La fabrication de meubles ou de produits durables va différer les émissions de CO2 , un grand merci aux artisans de nous procurer des meubles de qualité qui traversent le temps et les modes pour le plaisir de nos yeux et le stockage du CO2.
Admirons les charpentes traditionnelles multi centenaires, même si parfois, comme pour certaines cathédrales elles finissent prématurément en fumée !
Petit rappel : le bois œuvré utilisé par les artisans ne représente qu’environ le tiers du bois nécessaire à leur fabrication...les deux tiers restant sont le plus souvent utilisés comme bois de chauffage et sont donc brûlés rapidement.
Le cycle du carbone est de l’ordre de :
- 5 ans dans l’atmosphère
- de 1 à 250 ans dans la végétation
- de 5000 à 10 000 ans dans les sols
Pour la France métropolitaine, 35 % du carbone est stocké dans la biomasse aérienne et 65 % dans les sols, au total environ 2000 Mt de C.
Bibliographie :
1- Le mémento inventaire forestier IGN 2017
2- Aménagement de la forêt communale de Champ sur Drac ONF
3- La forêt et le bois en France en 100 questions
Académie d’agriculture de France
4- Le carbone forestier en mouvement : Magali Rossi 2015; Réseau Ecologique REFORA
5- Konrad Schreiber cité dans : Le cycle de l’azote en forêt. D. Mathieu et F. Hemery- La garance voyageuse n° 149- Printemps 2025.
Article à lire absolument pour mieux comprendre le rôle de l’azote et son assimilation par la forêt.
MPo avril 2025
Inventaire participatif
L’Association de Défense Inter-Communale (ADICE) développe et enrichit constamment le sentier arboretum qu’elle a crée il y a une décennie dans le massif du Connexe.
Ce sentier actuellement riche d’une soixantaine de panneaux signalétiques montre une trentaine d’essences de ligneux, une quinzaine d’espèces de fleurs, des insectes, quelques particularités géologiques ou historiques locales.
Nous souhaitons compléter cet inventaire mais aussi l’élargir et l’enrichir par tous les autres co-locataires de la forêt, qu’ils soient occasionnels ou permanents.
Pour y parvenir, nous avons mis en place, sur notre site internet (http://adice.fr) un inventaire participatif permanent, où tous les passionnés de nature peuvent nous signaler les nouveaux habitants qu’ils ont observés sur ce parcours.
Outre les panneaux qui seront mis en place au gré des déterminations, nous souhaitons également intégrer nos reconnaissances aux différents programmes de sciences participatives.
- Pour les insectes : nos déterminations seront communiquées à l’OPIE (office pour les insectes et leur environnement) entre autre pour rejoindre les programmes enquête Cerf volant , enquête Rosalie, enquête Phasmes français, enquête laineuse du prunellier et Spiroll (suivi photographique des insectes pollinisateurs).
- Pour les escargots : nous suivrons le protocole mis en place par le Muséum National d’Histoire Naturelle pour l’opération escargots en complétant nos premières identifications, puis nos panneaux.
- Pour les Collemboles : un spécialiste de grand talent Monsieur Philippe Garcelon, nous a déjà apporté une aide précieuse et bénévole pour amorcer cette approche.
- Pour les lichens : comme pour les Collemboles, 2 spécialistes de renom Madame Juliette Asta et monsieur Gregory Agnello nous assurent de leur aide précieuse.
- Pour les galles : nombreuses sur les arbres et arbustes, ensemble ou individuellement, nous allons les repérer, les identifier, les photographier….
Tous les domaines du vivant dans notre forêt sont ouverts : mousses, fougères, oiseaux, mammifères, champignons, myxomycètes….n’attendent que la bonne volonté de chacun de vous, qui passionnés l’offriront à nos yeux émerveillés.
D’avance merci aux volontaires et bonne prospection à tous.
mode d’emploi de l’inventaire participatif :
Chaque signalement doit être accompagné :
- du nom précis du sujet observé.
- du lieu d’observation : position GPS ou encadrement entre les 2 panneaux les plus proches du parcours.
- de la date d’observation.
- si possible d’une photo (pas de vous mais du sujet!).
- des observations éventuelles que vous jugez utiles ou qui pourraient nous aider à mieux appréhender le sujet.
- de vos coordonnées: tél, adresse mail ou adresse postale.
Ces observations sont à nous retourner via email à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou à enregistrer avec ce formulaire.
Vous serez personnellement avertis de la prise en compte de vos observations.